magiques sensations
« vous devez en trouver, des trésors… »
ben voyons, c’est bien connu, je suis un sacré veinard qui dégotte des lingots sous les matelas chaque semaine !
soyons sérieux, les gars les filles, les gens qui m’appellent à la rescousse savent quand même ce qui se niche chez eux ou leurs parents…
par contre, il y a toujours de belles surprises et ça, ce sont mes trésors à moi…
c’est d’ailleurs la partie excitante du job, lorsqu’on démarre le chantier et qu’on vide armoires et placards.
là, j’ouvre une parenthése.
(
ça y est, c’est fait.
quand je vide armoires et placards, je ne le fais pas comme un sauvage en balançant tout par terre. je le fais comme vous quand vous déménagez, c’est à dire avec respect.
fermons la parenthèse.
)
et souvent, ce sont dans les recoins les plus perdus de la maison, au fond d’un meuble, dans le grenier ou dans la cave, qu’on trouve les plus belles surprises.
mais ça ne veut pas dire qu’on va toucher le pactole !
non, simplement, on découvre un objet inattendu dans cette maison, un truc qu’on trouve rarement, et même parfois il faut compulser de vieux bouquins pour découvrir quel en était son usage…
ou encore, au fil des pièces qu’on vide, on reconstitue tout un service de verrerie ou de vaisselle, certaines pièces se trouvant dans la cuisine, d’autres dans le séjour, quelques pièces dans les chambres et salles d’eau, d’autres dans la cave, certaines dans le grenier… et au final, plutôt que quelques éléments disparates, on se retrouve à la tête d’un ensemble.
il y a aussi les mystères à rallonges.
parce que parfois, dans le fatras poussiéreux d’un grenier, vous repérez une vieille carafe, mais ce n’est que plus tard, quand vous l’aurez lavée, que vous saurez si elle brille de mille feux ou si la laver vous fait découvrir fissures et accrocs !
et tout ça, ce sont les vestiges d’une époque disparue (pour l’instant), d’un temps où il ne serait venu à personne l’idée d’amener directement les victuailles du four à la table sans les faire transiter par un plat de service, et que ce dernier soit assorti à la vaisselle du jour !
parce que, c’est pareil, les assiettes, elles étaient choisies en fonction de leur forme et de leurs décors, jamais elles ne seraient allées voyager dans le four (ni à bois, ni à charbon, ni à gaz, le micro onde n’existait pas). et chaque boisson avait son verre sur la table : un pour l’eau, un pour le vin rouge, le troisième pour le vin blanc. c’est sûr que ça faisait bien joli et accueillant, toute cette vaisselle en valeur sur la nappe tissée du jour !
et puis, on ne vivait pas la vaisselle comme une corvée, puisque c’était le haut lieu des secrets de femmes…
faut dire qu’en ce temps là, la ménagère n’était pas caricaturée comme objet de phantasmes publicitaires… qu’elle ait ou non moins de cinquante ans, elle tirait fierté d’avoir suivi l’école ménagère, et son livre de chevet était le gros dictionnaire ménager des éditions Larousse, dans lequel on apprenait à fabriquer soi même savons et encaustiques… tiens, il faudrait penser à présent à créer la tombe de la ménagère inconnue, et notre président ferait bien de lui rendre un vibrant hommage annuel (tant c’est vrai qu’il aime annuel…)
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